lundi 10 décembre 2012

Les éditeurs de mangas français et Facebook de 2010 à 2012



Il y a deux ans, je publiais sur notre blog un billet qui décrivait comment les éditeurs de mangas français utilisent les outils de Facebook pour leur promotion.

Vingt-quatre mois plus tard, il est donc temps de faire une petite mise à jour et de voir ce qui a changé du côté des éditeurs, car de son côté, Facebook a connu de nombreuses évolutions qui rendent la vie plus facile au community manager et autres social média strategists.

En 2010, nous avions tiré un bilan contrasté. Certain éditeurs négligeaient totalement Facebook. Depuis, tous les éditeurs ou presque utilisent une page avec une url personnalisée, et non plus un simple profil utilisateur, comme c’était le cas en 2010.

En revanche, très peu encore utilisent des applications pour l'organisation de leurs concours mise a part Kurokawa, Kazé et Kana.


Une image est bien plus parlante que des mots, votre serviteur
vous a donc concocté une petite infographie avec le très intuitif outil
infogr.am , à découvrir ci-dessous.


Comme cette infographie nous le montre, les éditions Kazé ont écrasé 
la concurrence en terme de "like" sur leur page, grâce à l'utilisation
intelligente de toutes les possibilités données par Facebook, des
applications en passant par les publicités ciblées, et bien sûr les très
récentes "news sponsorisées", qui changent définitivement la donne en terme
de visibilité.
Rappelons ici que depuis l'introduction de cette fonctionnalité, une
news non sponsorisée est en général vue par 10% des utilisateurs de la
page, ce qui ne change pas le fait qu'une news vue par 10% de 80.000
utilisateurs aura toujours plus de portée qu'une vue par 10% de 5000 ...
Kazé dispose d'un "vrai" community manager dédié aux réseaux sociaux, ce
qui, bien sûr, explique la formidable progression de 9000 fans en 2010 à
plus de 80.000 en 2012 .Vous trouverez l'interview de Alix Lepinay, le
CM, des éditions Kazé à la fin de cet article.


Interview de Alix Lepinay, community manager des éditions Kazé.


Pour commencer, bravo à vous Alix pour la formidable progression du
nombre de fans de votre page Facebook, de 9000 en 2010 à plus de 80.000
en 2012. Comment expliquez-vous cette si forte progression en moins de
24 mois, là où la plupart de vos concurrents ne font que deux à trois
mille fans de plus ?


C'est normal c'est mon travail et je suis content d'atteindre mes objectifs.  La progression peut s'expliquer pas les nombreuses mises à jour que nous planifions chaque jour, les animations, concours et autres activités qui rendent la page vivante.  Je suis beaucoup les évolutions de ce réseau social et j'adapte à chaque fois notre communication à son évolution. Nous sommes passé en 2 ans d'un calcul des nombres de fans à un calcul des nombres de "J'aime", et Facebook vient tout juste de lancer la notion de Followers, tout change vite et il faut aussi changer nos habitudes de communiquant rapidement. 

L'utilisation des promotions payantes de Facebook (pub ciblée et
promotion de news) vous aide-t-elle à atteindre vos objectifs ?


Nous avons aussi une stratégie de recrutement avec des campagnes de publicités ciblées, qui en plus de promouvoir un produit ou un message,  sont  optimisées pour améliorer les "j'aime"  et la fréquentation de la page. Donc oui, elles nous aident. Mais les promotions payantes ne font pas tout, les gens adhèrent à un message et à un contenu. On a beau payer de la publicité, si la forme et le fond ne plaisent pas, les personnes cliqueront moins sur "j'aime".  En tout cas les messages sponsorisés nous aident à atteindre un autre public que notre public habituel. 

Je sais de source sûre (moi) que vous préparez une grosse application
qui devrait être mise en ligne dans peu de temps. Avez-vous l'intention
d'intensifier l'utilisation de ce type d'outils pour augmenter
l'engagement de vos fans et en obtenir de nouveaux, sans forcément passer
par les promotions payantes ?


Oui et non.  Les deux sont liés. Pour lancer des applications on ne peut pas faire l'économie d'une campagne de publicité sur le réseau.  Mais une application est forcement conçue pour recruter d'elle-même après le coup de pouce sponsorisé du début. Nous pensons en effet à réaliser des applications gratuites à visé promotionnelle, autre que cette application à venir. 

Que pensez-vous des autres réseaux sociaux comme Twitter ou Pinterest et
les utilisez-vous pour votre communication ?


Nous utilisons Twitter comme relais de nos informations Facebook et aussi comme lieu où diffuser des scoops ou des exclusivités quand nous pouvons le faire. Twitter est pour nous un moyen de discuter avec des influenceurs (le super fan, le bloggeur...) et des médias spécialisés qui nous suivent. Ce n'est pas un canal grand public à mon sens. Pinterest est utilisé de notre côté pour montrer des objets promotionnels offerts dans les salons ou comme moyen de montrer des choses rares que nous éditons. Nous créons des tableaux où les gens re-pinnent (ré-accrochent) nos images dans leurs propres tableaux. Il y a une idée de collection que j'aime bien sur ce support. C'est idéal pour les marques qui ont un style de vie à communiquer (Nike, Gucci, Etsy…), c'est très féminin et les gens qui l'utilisent adorent découvrir du graphisme, de la mode et des recettes, ce n'est pas un lieu pour les fans d'animé, de manga et de cultures asiatiques.

Pourquoi n'utilisez-vous pas encore le formidable site de blog social
qu'est Tumblr ? Est-ce à cause des problèmes de droit avec les éditeurs
japonais ?


Il y a en effet un soucis de droit. Ce qui marche sur Tumblr ce sont toutes ces images détournées, ces gif animés qui tournent en boucle et aussi les meme (image d'un film ou d'un animé avec une citation amusante par exemple).  Ce sont les seules choses avec la pornographie et l'érotisme qui sont re-partagés avec ses abonnés et qui atteignent une large audience. Le reste est conscrit dans un cercle privée. Comme nous n'avons pas le droit de modifier et de faire la même chose que les fans, à moins de faire valider chaque image, que cela prend un temps fou et que ces images virales fonctionnent sur l'instant, nous n'avons pas d'intérêt à nous lancer dans tumblr. Le support est bien pensé pour la viralité mais sans un contenu adapté, c'est une perte de temps pour une marque. De plus c'est encore loin d'avoir était adopté par les français.

Et pour finir comment imaginez-vous le futur de votre profession ?


Le community manager est déjà une position dont la définition est en train d'être construite.  Il y a déjà plusieurs niveau de community management. On commence souvent par être juste l'interface entre les clients, les fans et la communication de l'entreprise, et nos outils sont  les réseaux sociaux et les sites de l'entreprise. On peut ajouter au poste la notion de CRM (Customer Relationship Management), en plus de gérer une communauté, on gère aussi le marketing direct avec les clients (Publicité Facebook, Google Adwords, Newsletter, Applications Gratuites, Couponing…) et on peut aussi évoluer vers une position on nous établissons les stratégies de présence en ligne, les mécaniques de conversion clients (programme de fidélité, re-marketing…) en travaillant main dans la main avec la direction marketing, ce qui est mon cas. L'avenir c'est donc je pense, s'adapter aux évolutions du web tout en conseillant son entreprise sur les moyens de transformer une communauté de fans en clients fidèles et satisfaits. 

Merci Alix d'avoir répondu à nos questions et rendez-vous en novembre
2013 pour une prochaine interview.